Comprendre les mécanismes d'exposition du flash Canon ou "E-TTL II"

 

 

Introduction

Il n'est que facile, pour le nouveau venu, de se perdre dans l'abondance de termes désignant tout ce qui a trait, de près ou de loin, a l'usage des flashs, integré comme externe. A tel point que l'on prefère souvent ignorer ce dispositif, purement et simplement.

Nous allons tenter d'y voir plus clair par, dans un premier temps, une explication sur un point important : la mesure de puissance automatique du flash.

Car la puissance de l'eclair n'est pas due au hasard. Tout comme en photo sans flash ou il faut une juste quantité de lumière pour obtenir une juste exposition, il faut également que la puissance du flash soit dosée pour obtenir cette même juste exposition, qu'il soit utilisé comme seule source d'eclairage ou comme source supplémentaire.

Mais, comment cela fonctionne t'il ?

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Principes de base

Par le passé, il incombait au photographe de regler l'appareil d'une part et la puissance du flash indépendemment. Réglage du flash en fonction de la distance séparant le sujet du flash, de l'ouverture du diaphragme, de la sensibilité ISO / ASA du film chargé ... etc ...

Aujourd'hui, si ces mêmes règles restent d'actualité, les choses sont quelque peu différentes. Que ce soit le flash integré si votre appareil en est équipé, ou un flash externe compatible, des automatismes sophistiqués et plutôt performants vont prendre en charge tout ou partie de ces réglages.

Chaque constructeur a nommé son système. Canon l'a nommé "E-TTL II".

E-TTL II : Acronyme de "Evaluative-Through The Lens" ( a travers l'objectif)

"II" que nous en sommes a la deuxième version du dispositif qui ajoute a la première mouture d'autres données de mesures dans le but d'accroitre encore l'acuité du dispositif (distance de mise au point, temperature de couleur ...)

Automatisme aussi complexe techniquement parlant que performant, il peut toutefois être "vulgarisé" de la manière suivante :

Vous envisagez une photo avec flash. Vous mettez le flash, ordinairement escamoté, en position d'usage par le bouton dédié (flash interne) ou mettez le flash en place sur la griffe dédiée (flash externe). Vous cadrez naturellement votre sujet comme d'habitude , appuyez a mi-course sur le déclencheur pour faire la mise au point, recadrez pour obtenir la composition répondant a votre attente, bref, jusque la, rien ne se passe de différent d'une photo sans flash.

Sauf au moment ou vous enfoncez a fond le bouton du déclencheur pour prendre la photo. En effet, de manière quasi imperceptible, votre flash va émettre non pas un, mais deux eclairs extrêmement rapprochés. Un faible, de mesure, et un autre, le "définitif" pour eclairer le sujet.

Décomposons ce qui se passe "a la vitesse de l'eclair" (c'est le cas de le dire) :

Vous appuyez a fond sur le déclencheur.

  1. Un premier eclair de faible puissance est envoyé vers le sujet AVANT la prise de la photo proprement dite.
  2. Par reflexion, il revient vers l'appareil et traverse l'objectif (Through The Lens = a travers l'objectif)
  3. Une cellule, interne, va analyser ce "retour" et le prendre comme référence, mémorisée
  4. cette référence va ensuite être additionnée a :
    1. L'ouverture du diaphragme prévue
    2. La distance de mise au point
    3. La sensibilité ISO sélectionnée

A partir de la, du classique : le miroir se relève, l'obturateur s'ouvre, le flash émet un eclair de puissance ajustée en fonction des paramètres ci dessus, la photo est prise et correctement exposée. Ceci, en automatique comme dans les modes plus avancés. Ce dispositif est fiable dans la grande majorité des cas de la vie courante. Mais il existe des cas ou le sujet peut prendre en défaut cette mesure automatique.

Nota : sur des appareils plus anciens, ce mode "eclair de mesure suivi de l'eclair d'eclairage", est moins rapide et même perceptible a l'oeuil nu. On distingue nettement un premier eclair faible (de mesure) puis un second. Vous avez sans doutes déja observé ce phénomène d'ailleurs. Par la même, le premier eclair est souvent a tort interprété comme un dispositif pour lutter contre "les yeux rouges" mais il n'en est rien, le premier eclair faible est bien celui de mesure, le dispositif "anti yeux rouge" etant d'un fonctionnement différent quand il emploie le flash a cette fin.

Par ailleurs, dans certains cas, en faible lumière, le flash peut emettre des salves rapides d'eclair (et même "sortir tout seul" sur les appareils reflex en mode "automatique"), rappellant alors un stroboscope. Ceci n'a pour fonction que d'illuminer la scène dans le but de faciliter la mise au point, et n'a pas d'influence dans la mesure de la puissance de l'eclair.

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La ou le système peut être perturbé.

Ce système est très fiable. Toutefois, il peut être tenu en échec par certaines circonstances. Nous allons en aborder les raisons, et voir comment y remédier.

Réglée par défaut, la mesure est dite évaluative, avec une analyse fine sur toute la surface de l'image.

Image divisée en secteurs, chacun etant analysé, pour conduire a une mesure globale.

Dans des situations courantes et dans la majorité des cas, ce mode est très efficace.

Mais imaginons un sujet (portrait, objet...) pris en photo sur un fond uniformément blanc. Ce fond blanc va tromper la mesure, et la puissance de l'eclair sera insuffisante, conduisant a une photo sous exposée. Il en sera de même pour un sujet très clair d'ailleurs dans certains cas de figure.

A contrario, votre sujet est sur fond sombre, noir, offrant peu de reflexion, ou est lui même sombre. La puissance necessaire sera sur-évaluée, conduisant a une irrémédiable sur-exposition de l'image.

Nous avons alors plusieurs methodes pour contrer ce désagrément et "reprendre la main". Et ce, sans forcément repasser en "tout manuel".

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Reprenons la main, première méthode

La plus connue, la plus employée même dans un premier temps (et a mon avis par méconnaissance d'autres methodes bien souvent plus efficaces, que nous aborderons plus bas ) reste la correction d'exposition au flash a l'aide du réglage adéquat. Attention : elle permet de réduire ou augmenter la puissance du flash par rapport a l'eclair de référence, il ne s'agit donc pas d'un réglage manuel pur et dur mais d'une compensation, en plus ou moins, de la valeur définie par l'automatisme !

Sur les modèles plus compacts, cela se passe par le menu de l'appareil. Exemple générique sur un EOS 350D, se réferer a la notice de votre propre appareil pour plus de détails quand a son emplacement.


Canon EOS 350D

 

Sur les boitiers "expert", cela passe par la pression d'une touche supérieure et via la roue codeuse arrière, rendant le réglage plus rapidement accessible. Exemple sur un EOS 5D, autres modèles peu ou prou similaires, a la disposition de la touche d'accès près, qui a migré suivant les modèles sur telle ou telle touche.


Canon EOS 5D

Unique méthode avec le flash integré si votre appareil en est équipé, il est a noter que l'onn peut également acceder a ceci directement sur un flash externe de type 430 et 580, de la manière suivante :

Votre flash en position réglée "par défaut", une pression sur la touche centrale "SEL/SET" permet d'acceder a la fonction, et l'utilisation des touches "+" et "-" d'augmenter ou diminuer la puissance du flash. Sur le modèle "580", la procèdure est semblable, les touches "+" et "-" etant remplacées par une petite roue codeuse. Dans les deux cas, vous pouvez visionner la valeur du réglage en simultané sur l'écran LCD du flash.

Exemple sur un 430 EX :

Mais ce réglage, pratique sur une nature morte, ou dans le cadre d'un sujet coopératif, peut se révéler malcommode dans le cadre d'un reportage pris sur le vif, ou quand tout simplement la correction a effectuer est ponctuelle. Sans compter le risque d'oublier ce réglage, qui sera satisfaisant sur une image, et inadéquat sur toutes les autres !

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Reprenons la main l'espace d'un instant

Les ingénieurs et ergonomistes de la marque nous offrent une solution alternative interessante, que nous allons aborder a présent. Non plus par le biais d'un réglage "fixe" mais d'un réglage "volant" pratique quand on en comprend le mécanisme.

Elle est de plus, bien plus confortable pour les utilisateurs de boitiers plus compacts qui n'offrent pas toujours un accès commode a la fonction précédente.

Nous l'avons vu, le système mesure par défaut sur toute la zone de l'image. Mais alors, ne serait t'il pas judicieux que cette mesure se fasse au contraire, non pas sur l'ensemble de la scène cadrée, mais juste sur le sujet souhaité ou un point de référence précis de l'image? Et bien, c'est possible, en mode P, Av, Tv, et M

En aparté : pas en "carré vert" tout auto ou "programmes résultats" en général, modes que je vous invite par ailleurs, quitte a radoter, mais j'assume, et radoterais encore ! a oublier sans delais... Si vous n'êtes pas a l'aise encore, et que vous preferez que l'appareil prenne un maximum de choses en charge, préferez a minima la position "P" a ce satané "carré vert" ! C'est exactement la même chose dans les deux cas, sauf qu'en "P", vous êtes toujours par défaut en "tout automatique MAIS vous avez accès a plus de choses comme choisir d'utiliser le flash ou pas, etc... la ou en "carré vert" vous êtes complétement dépendant du bon vouloir de l'automatisme pour ne pas dire bridés ! (extraction du flash non souhaitée, impossibilité d'acceder a certains éléments du menu, etc...)

Voici comment proceder :

Cadrez votre scène, faite votre mise au point normalement et comme d'habitude. Mais avant de presser le déclencheur et de prendre la photo, "pointez" le centre du viseur (la ou se trouve en général un petit cercle et le collimateur autofocus central) vers le sujet (ou vers une zone de référence, nous y reviendrons plus bas) et pressez la touche "étoile" :


Modèle expert illustré, mais l'emplacement ne varie pas suivant les modèles.

Un petit eclair est alors émis, et en règle générale, une étoile apparait dans le bandeau d'information du viseur pour confirmer l'"acquisition" de la mesure. Vous savez ce que vous venez de faire ? et bien tout simplement de "provoquer" l'eclair de mesure, celui la même que decrit au début de ce chapitre :-) et avez effectué une mesure précise, limitée en surface, celle en gros, du cercle central que vous voyez dans le viseur, sur le sujet ou point de référence et non sur l'ensemble de la scène.

Exemple concret :

Prise dans un ancien fort désormais désaffecté, la mesure "évaluative" par défaut, trompée par les murs noircis de suie suite a un incendie, aurait augmenté par erreur la puissance des flash, conduisant a une inévitable surexposition. J'ai donc pris comme "point" de référence peu ou prou l'endroit ou est situé le cercle rouge, pressé la touche "étoile", cadré ensuite a mon souhait l'image, et pressé le déclencheur a fond pour prendre la photo.

A l'inverse :

Cette fresque patriotique aurait vraisemblablement été sous exposée par la mesure par défaut, qui aurait diminué la puissance du flash par erreur en raison de la forte présence de blanc sur cette scène. J'ai donc appliqué la même méthode que ci dessus, mais ai choisi comme point de référence la partie entourée d'un cercle jaune.

Facile avec un flash sur l'appareil (interne ou externe), il est a noter que la définition d'un point de référence peut s'averer sensiblement plus complexe avec des eclairages déportés de l'appareil. C'est avec l'entrainement et la pratique que vous prendrez peu a peu vos repères.

Si vous ne disposez pas de "point de référence" fiable, une methode consiste a en créer une le temps de la mesure a l'aide d'une référence gris neutre :


Document : Lastolite

Il s'agit d'une suggestion, tout autre peut faire l'affaire, mais ce modèle est très pratique, car leger, facile a plier et a transporter et de qualité, et vous pourrez vous en servir pour regler également la balance des blancs.

Positionnez la devant le sujet, procedez comme décrit ci dessus pour la mesure en effectuant la mémorisation (touche "étoile" ) sur cette charte, retirez la, faites votre mise au point et cadrez sereinement, et prenez la photo.

Vous devriez obtenir un résultat satisfaisant si toutes les étapes ont été respectées.

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Modifions durablement le mode de mesure

Si pour votre usage ou vos sujets, vous pensez, a terme, qu'une mesure plus ciblée s'avère necessaire en permanence, principalement sur la partie centrale de l'image, il existe également un moyen de "forcer" l'appareil a une mesure en adéquation avec vos besoins, et ce, systèmatiquement :

Sur les plus anciens appareils, dans le but louable de ne pas surcharger les menus, vous trouverez ceci un peu "noyé" dans les "fonction personnalisées". Leur agencement variant d'un appareil a l'autre, je vous invite a consulter le mode d'emploi de votre appareil, rubrique "fonctions personnalisées /C.Fn", et de rechercher la section "Mesure E-TTL II"

Les plus récents permettent de regler ceci directement dans le menu, recherchez quelque part "réglage fonction flash", avec choix différencié pour le flash interne et externe. Pour régler le flash externe, il faudra que ce dernier soit sous tension et installé sur la griffe de l'appareil.

Vous avez le choix entre deux modes :

  • Evaluative
  • Moyenne a pred. centrale

Le mode "evaluative" est le mode "par défaut"

"moyenne a pred. centrale" se concentre en majorité sur le centre de la visée.

Chacun a ses usages, en fonction des situations rencontrées. J'utilise pour ma part la mesure évaluative avec recours a la "touche étoile" pour mémoriser un point de référence ponctuellement, dans la majorité des cas. Et ai recours a la moyenne a prediction centrale pour les sujets "souterrain" exclusivement eclairés au flash(s) et autres situations qui depassent le cadre de cet article.

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Conclusion

Vous en savez a présent un peu plus, et j'espère que certaines choses ont été démystifiées a présent. Rien de plus frustrant que de ne pas savoir "pourquoi ça a foiré", de multiplier les essais, sans trop comprendre, la ou on espèrerait un robuste gain de temps grace a tous ces automatismes :)

Toutefois, si une question reste en suspend, ou que vous décelez une erreur : n'hésitez pas a me contacter.